Zoom: De héros à fléau
12 janvier 2022
Quelle place lui donner aujourd’hui?
La COVID a bousculé bien des choses dans le monde du travail. Le 13 mars 2020, des milliers de travailleurs se créaient un compte Zoom (ou Teams, Google Meet, Teams… on va utiliser Zoom pour les besoins de la cause).
À ce moment, retrouver un peu d’humain à travers nos écrans nous rendait tous heureux. Se “réunir”, continuer d’échanger malgré que nous étions confinés à la maison à longueur de journée…Zoom était une solution miraculeuse (sa montée en flèche en bourse nous l’a confirmé aussi). Les 5 à 7 virtuels… Vous vous rappelez? Ça me donne la nausée d’y repenser aujourd’hui!
Zoom est arrivé comme un héros dans nos vies et il a permis aux entreprises de continuer d’opérer presque comme si de rien n’était. La plupart des entreprises ont même pu constater une hausse de productivité et une diminution des coûts de déplacement. Il a fallu à peine quelques mois pour que cet enthousiasme pour le virtuel diminue drastiquement pour tout le monde… ou presque.
La “fatigue Zoom”, bien réelle
Zoom est devenu un véritable fléau. Fini les appels téléphoniques; “On se fait un Zoom pour en parler?”. Trois, quatre, cinq, six rencontres par jour… Facile quand nous n’avons pas à nous déplacer. Quelques semaines et l’énergie devient déjà plus difficile à puiser, les yeux se sont fatigués, les maux de dos sont arrivés, etc. La “fatigue Zoom” est devenue bien réelle. Il est facile de penser que ce n’est pas fatigant de passer sa journée devant son écran, assis. Aucun exercice physique, aucun déplacement, aucune discussion sociale qui tire notre énergie, dans le confort de sa maison. Pourtant, à peu près tous les travailleurs ont commencé à trouver lourd cette façon de travailler. Se sentir fatigué après une journée de Zoom (ou 365 jours?), c’est très normal. Notre cerveau est particulièrement stimulé: il y a trop d’informations à recueillir. Les signaux non verbaux, les données inscrites à l’écran, le ton et le débit des autres, les émotions véhiculées, etc. Cet effort est littéralement épuisant, davantage que lors d’une réunion «normale ».
Le professeur de communication Jeremy Bailenson, directeur fondateur du Stanford Virtual Human Interaction Lab (VHIL) de l’Université de Standford s’est penché sur la question dans une étude. Il a ressorti quatre facteurs qui fatiguent à long terme, passant par le contact visuel trop rapproché et trop intense, le retour caméra de notre propre vidéo, la possibilité de bouger drastiquement réduite et la charge cognitive plus élevée. Plus d’infos sur cette étude ici: https://news.stanford.edu/2021/02/23/four-causes-zoom-fatigue-solutions/
Post-pandémie, on ferme nos comptes?
Les rencontres en vrai avaient commencé peu à peu à reprendre à la mi-année 2021. Le télétravail est redevenu obligatoire, nous replongeant dans les rencontres virtuelles au grand désespoir de bien des travailleurs. La “normale” devrait revenir un jour et il sera important de se pencher sur le modèle des vidéoconférences et de rééquilibrer nos rencontres entre l’humain et le virtuel. Elles peuvent être utiles, mais dans des besoins bien précis. Sauver des heures de déplacement par semaine peut certainement aider à libérer du temps pour travailler sur des tâches à valeur ajoutée. Mais trop de Zoom, c’est contre-productif pour tout le monde. La pandémie nous l’aura appris à la dure. Plusieurs options s’offrent aux entreprises pour contrer la sédentarité qu’apportent ces journées de vidéoconférence (ou toute autre journée de travail de bureau trop sédentaire). Obliger des pauses, faire des journées sans Zoom, offrir des pauses actives, organiser des activités sans écran, etc.
L’Université Laval a également sorti un “Guide des rencontres actives” qui suggère plusieurs bonnes idées pour rester actif en entreprise.
L’échelle ZEF
Si vous êtes curieux, des étudiants de Standford ont mis en place l’échelle ZEF (Zoom Exhaustion & Fatigue Scale) accessible à tous en ligne gratuitement afin de donner une note sur votre fatigue Zoom.
Pas qu’on ait vraiment besoin de le savoir, mais ça peut aider à se déculpabiliser de ne pas avoir la motivation de conquérir le monde après 8 rencontres Zoom dans une journée?